Cette thèse dérangeante a été soutenue lors d'un atelier organisé par l'Association EdEn (Equilibre des Energies), sur l'impact du DPE (diagnostic de performance énergétique) sur les prix des biens immobiliers. Selon l'association, pour deux biens immobiliers identiques, le DPE, qui raisonne en énergie primaire, déclasserait mécaniquement d'une catégorie un logement chauffé à l'électricité par rapport à un logement chauffé au gaz, en raison du coefficient 2,58 appliqué aux solutions électriques. Les biens immobiliers chauffés à l'électricité, en particulier ceux construits à partir du milieu des années 70, respectant les normes et labels en vigueur à l'époque de leur réalisation, seraient ainsi dévalorisés par le DPE de manière incompréhensible pour le public et incohérente avec les objectifs du Grenelle de l'environnement.
Pourtant, souligne l'association EdEn, selon une étude demandée par l'ADEME, l'occupant d'un logement chauffé à l'électricité ferait de 8 à 15% d'économies par rapport à un occupant de logement identique alimenté en fioul ou gaz. En maison individuelle, le gaz serait plus cher de 11% que l'électricité dans le cas d'une consommation moyenne. Le fioul, lui serait plus onéreux de 36% que l'électricité en moyenne.
Selon Jean Bergougnoux, président d'EdEn, "ces constats sont assez logiques puisque pour des logements de même type, de même surface, avec la même composition d'occupants, on ne peut se passer de l'électricité. Donc l'occupant paye un double abonnement en plus de l'entretien de la chaudière du logement. Ce dernier cout est souvent omis dans les études comparatives qui ne considèrent que les prix du kWh". Sans compter que l'électricité est, en raison du "tout nucléaire" français, faiblement émettrice de CO2.
Or, selon une étude menée sur les transactions conclues en 2010 et 2011 par l'association Dinamic, créée par le Conseil supérieur du notariat (Notaires de France) sous la direction de Claude Taffin, son directeur scientifique, par ailleurs consultant pour la Banque Mondiale en politique de l'Habitat, l'étiquette énergie a un impact important sur le prix des maisons : les écarts de prix peuvent atteindre près de 30% par rapport à la valeur d'un logement D. Ainsi par exemple, en Aquitaine et en Midi-Pyrénées, les logements classés A ou B se vendent en moyenne 26% plus chers que ceux classés D, tandis que ceux classés G se vendent en moyenne 28% moins cher. A noter tout de même que l'étude ne prend pas en compte les résultats, encore insuffisants pour l'Ile-de-France...
Du coup, l'association EdEn demande une révision du DPE, afin que soit prise en compte l'énergie finale, celle livrée au consommateur pour sa consommation directe (électricité au compteur, fioul domestique à la cuve…). "Une réflexion en énergie primaire n'a aucun sens pour le consommateur, estime Jean Bergougnoux, président de l'association. Nous réclamons que le DPE soit redéfini en fonction de factures normatives exprimées en euros (prix de l'énergie finale au mètre carré exprimé en euros intégrant le coût d'entretien du matériel) ce qui correspond aux réelles préoccupations des occupants d'un logement".
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