Selon une "note rapide" de l'institut d'aménagement et d'urbanisme d'Ile-de-France (IAU IdF), issue d'auditions demandées par le Conseil économique, social et environnemental régional d'Île-de- France (CESER), qui souhaitait disposer d'une estimation du nombre de ménages à très bas revenus dans le cadre de son rapport sur "L'accès au logement des ménages à bas revenus en Ile-de-France", En 2012, 350 000 ménages franciliens (soit 7%) sont installés dans le parc de logements classiques et disposent de moins de 425 euros/mois/unité de consommation pour faire face à leurs dépenses vitales de nourriture et d'habillement. En raison de la faiblesse de leurs revenus, de nombreux ménages franciliens installés dans le parc de logements classiques se retrouvent en grande difficulté pour acquitter leur loyer, les charges locatives (ou de copropriété), d'énergie, d'eau et des impôts, ou leurs remboursements d'emprunt immobilier, au risque de tomber dans le surendettement et/ou d'être exclus de leur logement.
140.000 d'entre eux vivent dans le parc locatif privé ; il s'agit plutôt de personnes seules et de familles monoparentales, jeunes. Ils payent des loyers élevés (541 euros/mois en moyenne), et ne disposent que de 226 euros par mois de "reste-à-vivre". Ces ménages ne disposent pas du minimum pour s'alimenter et s'habiller sans ponctionner le budget logement. Il leur manque mensuellement 362 euros !
126.000 autres ménages logent dans le parc social ; là encore, il s'agit plutôt de personnes seules, ou en couple avec enfants. Elles sont en général plus âgées. Elles payent des charges locatives et d'énergie élevées (207 euros/mois en moyenne). Avec 414 euros par mois de "reste-à-vivre", ces ménages manquent de 287 euros par mois pour s'alimenter et s'habiller sans réduire le budget logement.
Le reste, soit un peu plus de 76.000 ménages sont propriétaires, dont 32.000 propriétaires accédants (c'est à dire remboursant encore un emprunt) avec des remboursements très élevés (1.224 euros/mois en moyenne). Plutôt des jeunes couples avec enfants. Avec 408 euros par mois de "reste-à-vivre", il leur manque 475 euros/mois pour assurer leur alimentation et leur habillement. 44.000 autres propriétaires n'ont pas d'emprunt, mais des ressources très faibles (677 euros/mois). Plutôt des personnes âgées, et seules. Avec 164 euros par mois de "reste-à-vivre", il leur manque 360 euros par mois pour garantir leurs dépenses alimentaire et vestimentaire.
Pour chaque ménage, l'IAU IdF a estimé le niveau de dépense permettant de disposer d'un "reste-à-vivre" au moins égal au minimum estimé par les bailleurs, soit 425 euros/mois/unité de consommation. Sur les 350.000 cités, seuls 128.000 ménages (2,6 % des ménages franciliens) pourraient faire face à leur dépense logement s'ils disposaient d'un logement moins cher, notamment dans le parc social. Mais, avec la baisse de la mobilité résidentielle et la production trop faible par rapport à la demande (500.000 demandeurs en mars 2013 pour moins de 95.000 logements libérés par an), cette offre n'est pas disponible à court terme. En outre, depuis dix ans, la production de logements à bas loyer (moins de 6,0 euros/m²) dans le parc social est faible (15% du total).
Les 220.000 autres ménages ne peuvent acquitter une dépense logement au regard de l'offre sociale actuelle, trop chère pour eux. Ils représentent 4,5% des ménages franciliens ! Pour eux, l'aide ne peut venir que d'une prise en charge partielle ou totale du loyer, des dépenses d'énergie, et des travaux...
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