C'est ce qui ressort d'une étude approfondie réalisée par l'institut Xerfi, après plusieurs semaines d'enquêtes et d'analyses. Selon l'institut d'études économiques, si CNP Assurances en est le leader avec une part de marché supérieure à 30%, les bancassureurs dominent toujours ce marché qui se caractérise par son inertie. Une situation qui s'explique notamment par le fait que la couverture des prêts à l'habitat représente plus de 70% des cotisations d'assurance emprunteur. D'ailleurs, 78% des ménages ayant souscrit un prêt immobilier ont choisi l'assurance emprunteur de leur banque.
Il s'agit d'un marché de taille modeste sur lequel intervient une trentaine d'opérateurs. De surcroît, le marché de l'assurance emprunteur progresse au ralenti, dans la continuité de ces quatre dernières années. Après une hausse de 3,7% en 2013 à 8,4 milliards d'euros, les cotisations augmenteront ainsi de 4,5% en 2014 et de 3,5% en 2015, selon les prévisions des experts de Xerfi.
En réalité, ni la loi Lagarde de 2010, ni la récente loi Hamon n'ont entamé l'hégémonie des bancassureurs sur le marché de l'assurance emprunteur. Plus de trois ans après l'entrée en vigueur de la loi Lagarde, force est de constater, selon Xerfi, que l'ouverture du jeu concurrentiel et la baisse des tarifs restent modestes. Cela s'explique par la durée du contrat qui, calquée sur celle du prêt couvert, varie de 15 à 30 ans. Ensuite, l'emprunteur-acquéreur a vieilli. Ce vieillissement s'est traduit par une hausse de la prime moyenne. Enfin, les populations plus âgées sont moins enclines à comparer les prix. "Autant d'éléments qui confortent l'hégémonie des bancassureurs, conclut l'institut. Même l'allongement du délai de rétraction à un an, institué par la loi Hamon, aura un impact limité à court terme sur l'assurance emprunteur, avance-t-il.
Les prévisions des cotisations d'assurance emprunteur
Les banques se sont en outre adaptées aux nouvelles dispositions réglementaires. Désormais, elles commercialisent des offres plus attractives sur le plan des tarifs (quitte à alléger la liste des garanties) et du contenu. Les établissements ont ainsi revisité leurs contrats maison. Et proposent une gamme élargie qui comprend une offre standard, des couvertures collectives réaménagées et éventuellement des contrats individuels.
De leur côté, les assureurs traditionnels peinent à trouver leur place. Sans compter que les stratégies d'internalisation des compétences mises en place par les banques remettent en cause les logiques de partenariat entre l'assureur-producteur et la banque-distributeur. Une situation problématique pour CNP Assurances, leader du marché de l'assurance emprunteur, qui a construit son modèle économique sur ce type de partenariat.
En réponse, Xerfi relève que les assureurs développent eux aussi une large gamme de produits, combinant des contrats standards, collectifs et individuels mais aussi des offres conçues pour des profils hors normes. Pour promouvoir leurs contrats, ils se montrent offensifs sur internet. Les courtiers grossistes misent eux aussi sur le canal Internet, mais surtout sur un travail de segmentation poussé pour séduire les cibles peu ou mal desservies.
Mais selon Xerfi, le changement pourrait bien venir des courtiers en crédit. Déjà, ils peuvent se prévaloir d'une part de marché estimée à 25% en matière de crédit immobilier. Ensuite, le durcissement des conditions d'octroi de crédit immobilier, introduit par le dispositif Bâle III, joue en leur faveur. Les faibles taux d'intérêt sont également porteurs, en poussant les renégociations des prêts. De plus, à la différence des banques, ils disposent d'une offre d'assurance de prêt diversifiées : de l'assureur traditionnel au groupe mutualiste en passant par les courtiers grossistes et les bancassureurs. D'où l'idée de Xerfi que les courtiers en crédit pourraient donc bien faire quelque peu bouger les lignes du marché de l'assurance emprunteur...
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