C'est ce qui ressort d'une enquête de l'ADIL parisienne(association départementale pour l'information sur le logement), qui livre une étude après avoir interrogé 500 copropriétaires consultants de ses services.
Dans un premier temps, l'ADIL 75 a analysé les copropriétés concernées : elles sont anciennes, et plutôt en bon état, seules 12% sont réputées être dans un état médiocre. 56% d'entre elles disposent d'un ascenseur, 58% d'un chauffage collectif. Les copropriétaires ont une moyenne d'âge de 58 ans, 48% sont en activité et 45% sont retraités, 7% seulement sont en recherche d'emploi. 53% des copropriétaires rencontrés sont célibataires et 47% sont en couple. 77% d'entre eux n'ont pas d'enfant à charge. Ils ont acquis majoritairement leur logement depuis plus de 20 ans, et leurs emprunts sont remboursés (71%). 88% sont propriétaires occupants et 12% bailleurs.
Pour 93% des copropriétaires interrogés, la réalisation de travaux est indispensable. Mais quand l'association a cherché à savoir quels étaient les travaux les plus souvent votés par ces copropriétaires, sans surprise, ce sont tout d'abord les plus visibles. Ravalement, peinture de la cage d'escalier, réfection de la toiture figurent en tête des travaux les plus souvent votés mais aussi exécutés. Les copropriétaires sont visiblement soucieux de l'apparence de leur immeuble espèrent ainsi valoriser leur patrimoine. La mise aux normes de l'installation électrique ou le remplacement de la chaudière sont plus difficiles à voter. La position des copropriétaires n'est toutefois pas figée : si lors d'une assemblée générale les travaux ne sont pas adoptés, ils pourront toujours l'être lors d'une assemblée ultérieure...
Par contre, pour ce qui est des travaux d'économie d'énergie, l'ADIL constate un manque flagrant de motivation de la part des copropriétaires qui se sentent trop peu concernés. Ainsi 90% des travaux réalisés ignoreraient l'objectif de performance énergétique, qui apporte pourtant un confort certain aux occupants avec, à terme, une baisse réelle des charges. La loi sur la transition énergétique qui rendra obligatoires les travaux d'isolation "embarqués" arrive donc à point nommé !
Pour comprendre ce désintérêt, l'ADIL 75 rappelle le Livret Blanc n°1 "Rénovation énergétique en
copropriété" (version mars 2013) de l'Agence parisienne du climat (APC), qui rappelle les points de blocage aux travaux d'économie d'énergie dans les copropriétés : l'absence de garantie sur l'économie après travaux annoncée, le peu d'intérêt porté aux économies d'énergie par les copropriétaires qui acceptent la surconsommation de chauffage collectif, les relations parfois déséquilibrées entre les syndics, les exploitants de chauffage et les entreprises de travaux, les difficultés liées aux règles de vote des travaux, ou encore l'absence de mise en concurrence systématique des entreprises.
Les travaux rendus obligatoires par la loi, sur lesquels la copropriété ne peut faire l'impasse, sont eux exécutés mais souvent avec retard. mais pas toujours de la faute des copropriétaires : les travaux obligatoires remplissent les carnets de commande des entreprises, empêchant de respecter les délais, d'où de fréquentes autorisations de report de la part des pouvoirs publics. Ce sont dans tous les cas des contraintes qui s'ajoutent aux autres dépenses ou obligent à revoir les prévisions de travaux.
Parmi les difficultés citées à voter et à exécuter des travaux, les copropriétaires invoquent en premier lieu le coût des travaux pour justifier leur refus. Il est vrai que l'étude révèle un financement quasi-exclusivement par fonds propres, probablement parce que les aides ou prêts spécifiques sont rares et soumis à des plafonds de ressources. Les aides plus nombreuses dans le domaine des économies d'énergie apparaissent à la fois peu portées par le syndic et peu connues des copropriétaires.
Apparaît également l'insuffisante préparation des assemblées : les copropriétaires sont souvent mal informés des travaux à engager, de leur coût et des délais de réalisation. D'une part, les travaux n'ont pas été anticipés sur le plan financier et d'autre part, lorsque l'information existe, elle n'est pas suffisamment mobilisatrice.
L'ADIL 75 préconise entre autres remèdes d'instaurer des aides financières mieux adaptées, les aides actuelles étant trop axées sur l'amélioration de la performance énergétique, et d'anticiper la solvabilité en planifiant les travaux. Les mesures de la loi "ALUR" vont dans le bon sens, avec notamment l'instauration de fonds de travaux obligatoires, mais doivent être mieux expliquées, avec notamment un encouragement à procéder à la mise en place de plans de travaux pluriannuels, assortis de fonds de financement adaptés.
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