L'activité sondagière des grands acteurs de l'immobilier est en plein développement. Pour se faire valoir ou défendre des prises de position, ou les deux à la fois. Deux sondages, qui ont circulé il y a quelques jours dans les médias, méritent qu'on s'y attarde. Le premier, commandité par le réseau de franchise immobilière Laforêt (1), nous apprend, alors que le récent rapport Terrasse propose d’encadrer l’économie collaborative, que 58% des Français se déclarent contre la taxation des revenus issus des locations entre particuliers sur des plateformes communautaires type Airbnb. On aurait pu penser qu'avec une telle question, du type "avez-vous envie de payer des impôts", la réponse hostile aurait pu être nettement plus massive, et marquer la surprise de voir que 42% des Français interrogés n'ont pas l'air d'être contre ! Mais le commentaire du Réseau Laforêt cherche visiblement à dénoncer par avance toute réponse fiscale aux défis de l’économie collaborative, défendant l'idée que "sur un marché locatif en pénurie, il est primordial de redonner une âme de bailleur aux particuliers aujourd’hui, découragés par un cadre fiscal et réglementaire contraignant". Et de souhaiter la mise en place de règles du jeu "acceptées et acceptables par tous". Dont acte ! Que cela fasse avancer le débat est une autre affaire...
Le second, commandé par le Syndicat de la mesure s'embarrasse encore moins de crédibilité : à quelques jours (ou semaines ?) de la publication du décret très controversé relatif à l’individualisation des frais de chauffage, il révèle que 91% des Français sont favorables à la facturation individualisée de leurs frais de chauffage. Bigre ! Même chez ceux qui sont directement concernés car chauffés collectivement, 84% sont favorables. Le statut d’occupation du logement joue également un rôle dans l’approbation de cette mesure, les propriétaires se déclarant plus souvent favorables à l’individualisation des frais de chauffage que les locataires (93% et 88% respectivement). Plus globalement, 86% des sondés considèrent que ce dispositif responsabilisera les consommateurs, ces irresponsables, "allant même jusqu’à changer leur comportement". De surcroît, trois-quarts des Français estiment que ce dispositif aura un impact positif sur l’environnement, qu’il s’agisse de l’empreinte écologique des foyers (75%) ou de la préservation de l’environnement (74%). Difficile de faire plus tarte à la crème !
Mais ces résultats sont-ils surprenants, vu les questions posées ? On sait évidemment ce que le Syndicat de la mesure, ébranlé par les critiques qui fusent depuis quelques semaines, essais de démontrer. Auraient-ils été aussi bons si on avait expliqué aux intéressés que cette individualisation ne porterait que sur une grosse moitié seulement de leur facture de chauffage, le reste devant rester réparti au moyen de millièmes fixes, que cette individualisation leur coûterait 40 à 60 euros par an en frais de location-entretien-relevé des "répartiteurs", sans compter les honoraires du syndic, et qu'ils devront en outre pour en bénéficier se payer des robinets thermostatiques pour 70 à 90 euros par radiateur ?
(1) sondage Toluna QuickSurveys pour Laforêt, réalisé par Internet en France le 19 février 2016 auprès d'un échantillon de 1005 personnes de 18 ans et plus
(2) étude réalisée par OpinionWay auprès d’un échantillon de 1028 personnes, représentatif de la population française âgée de 18 ans et plus les 27 et 28 janvier 2016.
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