Cela fait bientôt une décennie que l'Etat multiplie les mesures, tantôt d'incitation, tantôt d'obligation ou de financement pour la rénovation énergétique des bâtiments, responsables d'un tiers des émissions de gaz à effet de serre, et freinant la maîtrise de la consommation énergétique nationale. La loi de "transition énergétique" de 2015 a fixé des objectifs ambitieux de rénovation avec un horizon plus ou moins proche qui serait entre les années 2020 et 2050. Mais dans l'effort à mettre en oeuvre pour les atteindre, il y a le parc d'immeubles en copropriété : 8 millions de logements sur un total de 35,4 millions, soit un peu mois qu'un logement sur quatre. Or force est de constater que dans ce parc, la rénovation ne décolle pas. Il est vrai qu'elle implique la réalisation de travaux collectifs qui doivent être votés par les copropriétaires. Ceux-ci concernent aussi bien les équipements que les parties communes de l’immeuble tels que la chaudière, les façades ou la/les toiture(s). Pire : de nombreuses copropriétés ne procèdent même pas aux travaux nécessaires pour leur éviter de se dégrader.
Cette situation, déjà dénoncée par le rapport "Braye" de 2012 inquiète légitimement les pouvoirs publics qui s'apprêtent à légiférer pour fluidifier la prise de décision. Certains projets envisagent d'instaurer dans les copropriétés de plus de 100 logements un conseil d'administration qui serait investi des pouvoirs de l'assemblée générale e, matière de travaux d'entretien et qui pourrait même recevoir délégation de cette assemblée pour décider de travaux plus lourds ! Mais a-t-on réellement analysé les blocages, qui se manifestent lors du vote des travaux en assemblée générale ?
S’agit-il de problèmes de financement, de gouvernance mal organisée de la copropriété, d'une incompréhension de la pertinence des travaux à réaliser, d'un cadre réglementaire de prise de décisions inadapté, d'un manque de confiance dans les prestataires auxquels la copropriété doit recourir et quelle ne sait pas sur quels critères choisir, d'un manque de conseils et de pédagogie de la part des syndics, ou encore d'un désintérêt de nombreux copropriétaires pour la chose commune, l'appartement par lequel ils sont investis de la responsabilité du devenir de l'immeuble ne constituant pas forcément le coeur de leur projet de vie ?
Afin de trouver des réponses et surtout des solutions pour lever ces blocages, l’Association des responsables de copropriété (ARC) veut engager un grand débat sur ce sujet, qui doit aboutir d'ici la fin de l'année à la rédaction d'un Livre Blanc à l'intention des pouvoirs publics, associant le plus grand nombre d'acteurs tels la Mairie de Paris - déjà associée aux réflexions -, l'ANAH, l'ADEME, l'APC, Cerqual (Qualitel), l'UFC, le CLER, l'association Planète Copropriété, etc. dans l'objectif d'éclairer les décideurs sur les réalités d'un terrain pour le moment rétif aux politiques mises en oeuvre. Un large appel à contributions est lancé dès ce jour auprès de ces acteurs.
Notre site ayant proposé de s'associer à l'organisation de ce débat, une section de notre forum a été ouverte (1) afin de servir de support aux contributions qui seront intégrées dans le Livre blanc. Il constitue un lieu de débat idéal sur ce qui constitue aujourd'hui le plus grand défi affronté par la communauté des acteurs de la copropriété : les copropriétaires, les syndics, les bureaux d'étude, les entreprises et prestataires, les opérateurs, les financeurs, etc.
(1) Forum Universimmo - Forum spécial pour un Livre blanc s/la Copropriété
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