Mois après mois depuis décembre 2017, la construction de logements ralentit. Selon les statistiques du ministère de la cohésion sociale publiées le 27 juillet, le nombre de permis de construire accordés au cours du deuxième trimestre 2018 est en repli de 0,6 % par rapport au premier trimestre, la chute étant plus dure pour les maisons, avec une baisse de 8,8 %. Les mises en chantier, avec 424.900 logements commencés sur un an, sont également en recul de 2,8%.
Le secteur de la maison individuelle est particulièrement préoccupant : selon les chiffres des constructeurs de maisons, les réservations ont plongé de 14,3% entre janvier et mai 2018 ! En cause selon les professionnels : le rabotage du prêt à taux zéro (PTZ), réservé aux accédants modestes, qui entraîne une baisse de 46% du nombre de prêts accordés, et la suppression de l’aide personnalisée au logement (APL) pour l’accession. Ainsi, selon Patrick Vandromme, président de la branche Constructeurs et aménageurs de la fédération française du bâtiment (LCA-FFB), un ménage qui gagne deux SMIC, soit 27.000 euros par an, pouvait en 2017 acquérir, dans une ville moyenne, un logement de 220.000 euros en limitant son taux d’effort à 29% de ses revenus, mais ce taux passerait à 39% en 2018 et 43% d’ici à 2020 ! Du coup, d'après des remontées des adhérents de l'organisation professionnelle, le nombre de prospects est en chute de 30%, celui des prises de commandes de près de 20% et celui des ouvertures de chantier de 12-13%.
Autre sujet d'inquiétude : le logement social, dont les commandes des organismes HLM auprès des promoteurs régressent de 19,3% au premier trimestre 2018, conséquence directe des ponctions dans leurs recettes opérées par le gouvernement (800 millions d’euros en 2018 et 2019 puis 1,5 milliard d’euros chaque année) et qui les obligent à réduire leurs investissements. Selon Immoweek qui se fonde sur des enquêtes auprès des bailleurs sociaux, le nombre d’agréments financiers de l’Etat pour des programmes HLM a été divisé par trois au premier semestre 2018, passant de 18.000 à 6.000 logements ; de son côté, le baromètre de la commande publique établi par l’Assemblée des communautés de France et la Caisse des dépôts, publié le 20 juillet, montre qu’au premier semestre, l’activité des bailleurs sociaux publics a chuté de 10,3% et "semble à l’arrêt", précise le communiqué.
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