Pour la 14ème année consécutive, l’UNEF (Union nationale des étudiants de France) publie son enquête sur le coût de la vie étudiante (1). Pour la rentrée 2018, le coût de la vie augmente selon elle de 1,31%. Et 56% des étudiants, voient leur coût de la vie augmenter plus fortement que l’inflation. Si l’UNEF a réussi à obtenir quelques mesures de protection comme le gel du ticket de restauration Universitaire, cette avancée ne suffit pas à sortir les jeunes de la précarité. C’est d’autant plus le cas que dans le même temps les aides au logement et les bourses sur critères sociaux sont gelées et que les étudiants doivent maintenant payer une nouvelle cotisation consacrée à la vie étudiante et de campus, charge supplémentaire pour tous les étudiants, et d’autant plus pour ceux qui ne payaient pas la sécurité sociale étudiante supprimée cette année.
L‘augmentation du coût de la vie s’explique principalement par l’augmentation des prix des loyers et des transports en commun dans un certain nombre de villes universitaires. D'après les données communiquées par l'agence spécialisée Locservice.fr, huit villes cumulent ces deux augmentations : Lille, Nantes, Toulouse, Lyon, Saint-Etienne, Nancy, Angers et Rouen. Mais ces augmentations ne se cantonnent pas à ces seules villes. Alors que le logement représente 54% du budget des étudiants, 34 villes universitaires voient leurs loyers augmenter, avec une hausse de 1,21% en moyenne dans les grandes villes et de 0,67% en moyenne pour la France métropolitaine. Certaines villes universitaires voient leurs loyers s’envoler : +2,85% à Lyon, +2,50% à Poitiers ou encore +1,36% à Lille (suite à l’annulation de l’encadrement des loyers dans la ville).
Le prix des transports pèse également dans le budget des étudiants. Le budget transports est souvent le corollaire du coût du logement : on loge plus loin pour payer moins cher de loyer... 10 agglomérations (en incluant l’Ile-de-France)
imposent un budget au-dessus de la moyenne nationale qui est de 269,49 euros. Enfin, 6 municipalités seulement
ont développé des tarifs de transport moins cher pour les étudiants boursiers, prenant en compte les difficultés
des plus précaires, à savoir : Reims, Strasbourg, Amiens, Nancy, Metz et Brest.
A la rentrée 2018, les profils d’étudiants qui voient leur coût de la vie augmenter le plus fortement sont les étudiants
boursiers et les étudiants non boursiers de moins de 20 ans. Ces augmentations sont le résultat direct de la
politique du gouvernement combinant gel des aides sociales et des APL, aainsi que la nouvelle cotisation pour entrer à l’université.
Le "reste à charge" moyen s'établit à 866,69 euros par mois. Face à cela, les étudiants n’ont que deux choix : la dépendance familiale ou le salariat étudiant. La crise financière ayant rendu la solidarité familiale de plus en plus difficile, le salariat étudiant se développe. 46% des étudiants sont aujourd’hui contraints d’exercer une activité rémunérée durant leurs études, activité considérée comme nécessaire pour vivre pour plus de 50% des étudiants. Le salariat étudiant est pourtant la première cause d’échec à l’université.
L'UNEF regrette qu'après un an de mandat, le gouvernement mis en place par Emmanuel Macron n’ait toujours pas mis la lutte contre la précarité des jeunes à son agenda. "Convaincu que la suppression du régime étudiant de sécurité sociale permet de réduire la précarité des étudiants, le sujet à disparu du discours du gouvernement. Cependant, comme le démontre notre enquête, les récentes réformes du gouvernement ne suffisent absolument pas à lutter contre la précarité des étudiants sur l’ensemble de l’année universitaire, pire, elles sont même responsables de l’augmentation des difficultés financières d’une partie des étudiants et vont à contresens des besoins des jeunes.
Ainsi, face à un système d’aide sociale injuste, insuffisant et infantilisant, l’UNEF revendique l’ouverture de discussions avec le gouvernement afin de permettre une réforme ambitieuse permettant aux étudiants d’être autonome et ainsi de pouvoir faire leurs propres choix de vie", conclut le communiqué.
L'UNEF revendique entre autres mesures :
- une réforme des aides sociales permettant d’augmenter le nombre d’étudiants boursiers et une revalorisation
des bourses sur critères sociaux et des APL de 20% afin de faire face aux dépenses régulières qui ont augmenté ces
dernières années ;
- une augmentation du budget des aides urgences : ces aides vont toucher des étudiants dans des situations
particulièrement précaires ;
- un investissement dans les CROUS afin de permettre la mise en place effective du plan de constructions de 60.000 logements étudiants (garanti à gestion social) et de faciliter le remplissement de leurs missions de restauration à tarif social ;
- la remise en place de l’encadrement des loyers à Lille, et son extension à toutes les villes universitaires, afin de
stopper l’augmentation continue des loyers des petites surfaces et les abus des propriétaires, ainsi que des moyens
financiers destinés à assurer le contrôle de cet encadrement ;
- l’exonération de la taxe d’habitation pour les étudiants dès l’année 2019, afin de les décharger de cette dépense
qui pèse fortement sur leur budget annuel.
(1) UNEF - 20 août 2018 : Enquête sur le coût de la vie étudiante 2018
v. aussi le Le Guide 2018 du Logement étudiant de Century 21 France
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