Les résultats du 3ème trimestre 2018 pour le secteur du logement, publiés le 28 décembre par le ministère de la transition écologique et solidaire, n’augurent pas de perspectives prometteuses pour 2019. Le nombre de logements autorisés à la construction (permis de construire, y compris la construction individuelle et le logement social) se contracte de 8,8% par rapport au troisième trimestre 2017 et de 2,0% par rapport au trimestre précédent. Cumulé sur un an, le nombre de logements autorisés s’élève à 474.000 unités au troisième trimestre, en baisse de 5,2% par rapport aux quatre mêmes trimestres précédents, sous l’impact de la contraction des autorisations de logements collectifs (-6,3%).
La commercialisation des logements neufs aux particuliers a diminué de 14,2% par rapport au troisième trimestre 2017, et les réservations ont également diminué de 8,9% soit 27.400 logements réservés pour 22.100 logements mis en vente. Les annulations de réservations (3.500), restent comme il y a 1 an, à un niveau élevé.
Les mises en chantier diminuent de 4,8% par rapport au troisième trimestre 2017 et de 4,3% par rapport au trimestre précédent. Le nombre de mises en chantier cumulées sur un an progresse de 3,3% sur la même période, à 423.900 logements. Ce sera probablement un point haut, avant retournement de la tendance amorcée par la baisse des autorisations, puis de la commercialisation et en conséquence des réservations. Rappelons que la demande de permis de construire précède la commercialisation qui elle-même précède les réservations. Enfin, ces dernières conditionnent la mise ou non en chantier...
Cette désaffection pour le neuf ne semble pas venir de la demande, qui s'est exprimée encore vivement dans l'ancien - le nombre de transactions de maisons et d’appartements anciens (cumulées sur un an) s’élève à 956.000 et demeure à un niveau jamais atteint auparavant - mais plutôt par une diminution de l'offre, à rechercher du côté des achats du logement social. Les organismes HLM ayant vu leur capacité d'autofinancement rognée par la réduction de loyer de solidarité imposée par le gouvernement (baisse des loyers pour compenser la baisse des APL des locataires sociaux), ils sont moins acheteurs en VEFA aux promoteurs qui du coup ne peuvent boucler nombre de programmes. Dans beaucoup de secteurs, une part de logements sociaux est en effet imposée, et sans acheteur HLM, un programme ne peut être réalisé...
Bien que les taux d’intérêt restent quasi stables à un niveau toujours bas, et que la durée des crédits, qui s’est allongée de 5 mois sur un an, favorise le passage à l’acte des acquéreurs, la frénésie n’est plus de mise chez les promoteurs et les entreprises du bâtiment qui voient leurs perspectives de croissance en berne. Fin d’un cycle ou le résultat de mesures inappropriées pour le bâtiment ? La nouvelle année ne ressemblera sans doute pas aux deux dernières années de reprise amorcées en 2016.
D'autant qu'un autre danger se profile qui pourrait aussi freiner la demande : une brusque détérioration de l’appréciation de la situation économique globale se dessine chez les Français, que révèle un sondage Ifop réalisé pour le courtier en crédits immobiliers Cafpi sur les Français et l’accession à la propriété. Ils sont 51% à porter un regard pessimiste sur la situation économique, ce qui affecte leurs projets d’achat immobilier : ils sont en effet à titre personnel 61% à estimer ne pas avoir les moyens d’acquérir un bien immobilier, contre 36% à affirmer l’inverse. En début d’année, seuls 43% des Français partageaient cet avis négatif, le plus bas niveau observé depuis la première vague de ce sondage Ifop lancé en 2009. Et pour cause : plus de la moitié n’a pas vu sa situation changer (53%), un tiers considérant même qu’elle est pire que l’an dernier. En bref, effet "gilets jaunes" ou pas, ils ne sont plus dans les meilleures dispositions pour penser "projet immobilier", les Français seraient 65% a estimer qu’il n’est pas facile de devenir propriétaire aujourd’hui...
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