Ce nouvel incident, heureusement sans victimes cette fois, accroît l'inquiétude quant à la fiabilité des process constructifs dans le bâtiment ces dernières années et sur la qualité des contrôles techniques effectués sur ces parties sensibles du gros oeuvre des immeubles. Comme l'a rapporté le site 76Actu, deux balcons sont tombés en plein après-midi le 20 avril dans la cour intérieure d’un immeuble, situé au 35, allée du Docteur-Lucien-Bonnafé, à Sotteville-lès-Rouen (Seine-Maritime). L'immeuble datait de 2007, et n'avait donc que 13 ans. Sollicité par 76Actu, Philippe Delouarde, directeur du Foyer du toit familial, le bailleur en charge de la gestion de l’immeuble, a fait part de son désarroi. Les 24 autres balcons de l’immeuble ont été immédiatement condamnés et seront soutenus par des étais avant d’être examinés par des experts mandatés pour comprendre les causes du sinistre.
Dans le même département, à Yvetot, un autre effondrement de ce type avait blessé grièvement deux personnes en mai 2018. Bien plus grave encore, un accident de balcon avait causé quatre morts et une quinzaine de blessés à Angers (Maine-et-Loire) en octobre 2016. 76Actu rapporte qu'après l’accident d’Yvetot, le bailleur de Sotteville-lès-Rouen avait lancé un diagnostic de tous ses balcons antérieurs aux années 2000, il reconnaît désormais qu’il lui faudra sans doute faire examiner aussi ses équipements plus récents.
Un rapport commandé en 2018 à l'Agence qualité construction (AQC) sur les risques liés aux balcons, justifié par la multiplication d’effondrements, a révélé que la plupart des ouvrages concernés par des défaillances sont situés en résidentiel, et construits en béton (à plus de 90%). Plusieurs types de défauts avaient été identifiés par l’AQC, en collaboration avec le cabinet Eurisk, à commencer l’exposition aux infiltrations (89 dossiers sur 192 analysés), avec la plupart du temps des fissurations, situées dans deux tiers des cas à la jonction entre la dalle du balcon et la façade. Sont probablement en cause deux procédés constructifs, celui du coulage des balcons dans un second temps avec mise en attente des aciers, mais également l'emploi d'éléments de balcons préfabriqués. Autre point d'alerte : une pente pas assez prononcée de l'ouvrage, ne permettant pas une évacuation rapide des eaux. Dans d'autres cas, des défauts sur les systèmes d'étanchéité (voire leur absence), un mauvais vieillissement des revêtements de sols (se traduisant notamment par le décollement des carrelages), ou des problèmes constatés au niveau des revêtements extérieurs (décollement d'enduit) ont été constatés. Enfin, dans 15% des dossiers, c’est la structure même des balcons qui est en cause, avec un placement défaillant des armatures ou d'une mise en œuvre incorrecte du béton.
Le rapport recommandait de renforcer les contrôles à la construction, mais aussi de prévoir l'instauration d'audits réguliers sur les ouvrages existants, notamment à l'occasion d'un ravalement. Force est de constater que cette recommandation est restée lettre morte, les gestionnaires d'immeubles locatifs comme les syndics de copropriété étant encore loin de mesurer les risques encourus. Aux locataires et aux copropriétaires de prendre les choses en mains ?
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