L’Observatoire de la qualité de l’air intérieur (OQAI), dont le CSTB (Centre scientifique et technique du bâtiment) est l'opérateur, a mené une campagne nationale dans 567 logements, tirés au sort dans 74 villes et représentatifs de la situation des 24 millions de résidences principales en France métropolitaine. Plus de 30 polluants chimiques, biologiques et physiques ont été mesurés. Les pouvoirs publics vont pouvoir ainsi mieux évaluer les risques sanitaires et agir en conséquence. L’objectif est, bien entendu, d’anticiper de manière à réduire les risques, par exemple en instaurant un étiquetage des produits polluants ayant une incidence sur la qualité de l’air intérieur (1).
Andrée Buchmann, présidente de l'observatoire, a rappelé que ses missions sont d’approfondir les connaissances, chercher à comprendre, informer, faire des recommandations, proposer des améliorations voire, le cas échéant, faire évoluer les réglementations. Pour elle, "la qualité de l’air intérieur est devenue une préoccupation de santé publique et, par conséquent, un enjeu économique et environnemental."
Outre les mesures effectuées sur place, les habitants ont été longuement interrogés sur leur façon de vivre et d’entretenir leur logement. La campagne a été financée par trois ministères : logement, santé et écologie, avec le concours de l’ADEME, de l’AFSSET, de l’ANAH et du CSTB qui assure la maîtrise d'oeuvre du projet.
Celui-ci indique que 30 paramètres ont été choisis en fonction de leur impact sur la qualité de l’air ou sur le confort de leur dangerosité et de leur fréquence d’apparition: monoxyde de carbone, composés organiques volatils (18), particules, radon, allergènes de chien, de chat, d’acariens, rayonnement gamma, dioxyde de carbone, température, humidité relative, débit d’air... Selon les polluants, les mesures ont été réalisées toutes les 5 minutes (CO), réparties sur la semaine (COV) ou sur deux mois (radon). Une attention particulière est portée au formaldéhyde présent, à des concentrations significatives, dans tous les logements. Le formaldéhyde provient de multiples sources : produits d’entretien, de traitements (antibactérien, conservateur, fongicide…), cosmétiques, éléments mobiliers et de construction, peintures, combustion incomplète des hydrocarbures, tabagisme…
Le CSTB rappelle que le formaldéhyde, classé cancérogène pour l’homme par l’OMS et cancérogène possible chez l’homme au niveau européen, fait l’objet d’une demande par la France d’une classification européenne en cancérogène pour l’homme. Parmi les allergènes biologiques, la moitié des logements présente des teneurs en acariens supérieures au seuil de sensibilisation (2 µg/g), mais les allergènes de chats et de chiens sont peu présents (respectivement 9 % et 25 % des logements). Les mesures montrent également que l’air des garages attenants et communicants aux logements contient davantage de composés organiques volatils que celui des logements eux-mêmes.
Le CSTB constate que "les concentrations de polluants sont plus importantes à l’intérieur qu’à l’extérieur des logements, dans lesquels on trouve même certaines substances non observées à l’extérieur. Tous les polluants mesurés sont présents dans la majorité des logements, 45 % des logements présentant des concentrations très faibles et 9 % des niveaux très élevés de plusieurs polluants simultanément.
Face à cette situation, la question se pose de la stratégie à adopter : protéger le plus grand nombre ou agir sur les plus pollués ? Il faut également chercher à comprendre pourquoi la répartition de la pollution n’est pas homogène dans le parc !
Il doit être noté que les polluants proviennent de sources multiples : combustion, produits de construction, de décoration, de bricolage, d’entretien, ameublement, présences et activités humaines, environnement extérieur... Le tabagisme reste la première source de pollution de l’air intérieur et le monoxyde de carbone la première cause d’accident domestique en France. Alain Maugard, Président du CSTB, insiste sur "l’importance de l’aération et de la ventilation. Il faut absolument trouver des compromis entre qualité de l’air et économies d’énergie sinon les problèmes de santé vont se multiplier."
(1) l’ensemble des résultats est disponible sur le site www.air-interieur.org
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