C'est ce qui ressort d'une étude de l'INSEE sur l'endettement des ménages et ses disparités en fonction des revenus (1) : près de 47% des ménages étaient endettés à titre privé début 2004, chiffre en nette progression par rapport à 1992 où ils n'étaient que 43%. Cette différence est plutôt due selon l'INSEE à la diffusion du crédit à la consommation, notamment auprès des jeunes générations. Mais le motif principal d'endettement reste cependant l'achat d'une résidence principale : 3 ménages sur 10 sont endettés pour l’achat d’un bien immobilier ou foncier, ou pour de gros travaux de rénovation. Toutefois, la proportion de ménages endettés pour l’habitat est presque identique à celle de 1992, celle pour la résidence principale étant même légèrement inférieure.
On y apprend également que les différences dans le recours ou l’accès au crédit sont particulièrement marquées en fonction des revenus, notamment pour le crédit à l’habitat. La proportion de ménages qui ont au moins un crédit à l’habitat en cours augmente avec la position dans l’échelle des revenus disponibles. Elle est particulièrement faible pour les ménages dont le revenu disponible annuel est inférieur à 10.000 euros. Crédits à la consommation et à l’habitat confondus, la moitié de ces ménages à bas revenus ont une dette inférieure à 20.000 euros, alors que pour les autres, la dette médiane dépasse légèrement 40.000 euros. Cependant, pour les moins aisés, le remboursement de ces dettes exige un taux d’effort nettement plus élevé puisque la moitié d’entre eux y consacrent annuellement plus de 44 % de leur revenu disponible ! En fait les charges de remboursement dépassent 40 % des revenus disponibles pour près de 3 % des ménages et 30 % des revenus disponibles pour près de 7 % des ménages. Début 2004, 1,8 million de ménages étaient donc en situation de risque de surendettement !
Le niveau d’endettement et taux d’effort suivant des évolutions opposées quand on monte dans l’échelle des revenus, au-delà de 35.000 euros de revenus disponibles annuels, l’endettement médian est de 50.000 euros, mais représente un taux d’effort annuel inférieur à 20 % pour plus de la moitié des ménages...
Enfin, la durée moyenne initiale hors prêts relais a augmenté de plus de 3,5 ans entre 2000 et 2004 pour s’établir à 17,5 ans en 2004. Depuis les années 90, la durée des prêts à l’habitat aurait augmenté de 5 ans (source Banque de France). En combinant des critères d’âge, de revenus et de patrimoine financier, de catégorie sociale, de composition familiale et de zone de résidence, une analyse toutes choses égales par ailleurs montre que les ménages endettés pour l’habitat sont plutôt au milieu de leur cycle de vie, qu’ils ne possèdent pas beaucoup de patrimoine financier, mais ont un revenu disponible supérieur au revenu disponible médian. Ce sont plutôt des couples, avec enfants, et occupant un emploi stable. Ils habitent plutôt dans des agglomérations de petite taille ou en zone rurale...
(1) INSEE Première, n°1131 - avril 2007
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