La création d'un ascenseur dans une copropriété : une aventure jamais gagnée d'avance !
Le
18/5/2001
La manière la plus sûre de mettre le feu à une copropriété paisible ? proposer la création d'un ascenseur!... La pièce de Gérard Darier, "les copropriétaires", a fait rire l'an dernier la France entière : elle mettait en scène justement des copropriétaires d'un immeuble réunis en assemblée générale pour décider d'un ascenseur !
Pourtant, peu d'investissements rapportent autant de fois leur mise. Bernard Quignard, expert reconnu et auteur d'un ouvrage intitulé fort à propos "Ascenseur et copropriété" (Editions Eyrolles, avril 2000), chiffre à 50% la plus-value dont peut bénéficier le propriétaire d'un appartement à partir du 6ème étage, et 25% à partir du 4ème... D'où vient alors que d'une décision qui devrait faire l'unanimité, on fasse une telle montagne ?
Certes, créer un ascenseur est toujours une opération délicate :
- sur le plan technique : l'espace nécessaire n'est pas toujours disponible, pour la cage elle-même mais aussi pour la machinerie, la cuvette, etc... L'immeuble sort rarement indemne, mais il peut aussi en sortir "relooké" et embelli...
- sur le plan financier : les quotes-parts par copropriétaires sont conséquentes, surtout pour ceux des étages élevés, malgré les subventions et aides fiscales ; il faut donc proposer des financements ;
- au niveau de la copropriété : de délicates tractations peuvent être nécessaires pour la mise au point des grilles de répartition du coût des travaux puis des charges de fonctionnement et d'entretien, quand il ne faut pas négocier des échanges de lots de caves ou de chambres de service pour y loger cuvette et machinerie...
Pas étonnant donc qu'un projet d'ascenseur soit tout sauf une simple formalité...
Mais deux autres sources de blocage peuvent ruiner les espoirs des pro-ascenseur :
- l'improvisation dans la préparation de la décision : sous-traiter la constitution du dossier à un ascensoriste et présenter le projet d'emblée est la plus sûre façon de le torpiller ; en effet, une telle décision ne peut s'obtenir que par étapes successives : décision de pré-principe et vote d'un petit budget pour la réalisation d'un avant projet, décision de principe et vote d'un budget d'étude et appel d'offres par un bureau d'ingénierie, ainsi que si nécessaire un budget d'étude juridique, et enfin décision définitive sur la base d'un dossier complet et "ficelé" intégrant les différents aspects techniques, financiers et juridiques...
- des oppositions liées à la sociologie de l'immeuble et l'histoire des relations entre copropriétaires : l'origine du projet et la façon dont il a été présenté, la personnalité des pro-ascenseur et leur attitude vis à vis des autres, et toutes autres sortes de choses...
En fait, le plus gros obstacle est peut-être dans le fait que l'ascenseur modifie profondément l'immeuble et la hiérarchie des étages et des appartements ! Non diplomates, s'abstenir...