J'observe
d'abord que selon les circonstances et les besoins,
les mots et les attitudes changent. Il y a quelques
semaines, au moment d'inaugurer la nouvelle année,
le Président de la République, comme il
le faisait depuis le début de son quinquennat,
présentait ses voeux aux forces vives de la nation-je
cite-, à la faveur d'une aimable cérémonie.
Son discours rappelait à chacun, dont les syndicalistes
incarnant les syndicats patronaux et les centrales de
salariés, combien leur rôle était
déterminant. Il faut choisir. Pour moi, militant
de la cause immobilière depuis 20 ans au sein
de ma chambre FNAIM puis à l'échelon national,
j'ai choisi.
Qu'ai-je
choisi? Lorsque je me suis engagé dans le syndicalisme
patronal, j'ai choisi la logique de la représentation,
comme le font les parlementaires, c'est-à-dire
ce mécanisme démocratique par lequel un
homme ou une femme parle au nom d'une collectivité.
Il le fait sans trahir, mais après avoir déchargé
les messages de ce qu'ils peuvent avoir d'extrême,
de passionnel, de violent, d'excessivement corporatiste
ou d'ignorant du fond des problèmes. Je promets
des lendemains difficiles à un Etat qui ignorerait
les corps intermédiaires pour s'adresser directement
au peuple, aux professions notamment.
Monsieur
Sarkozy sait-il ce qu'il aurait entendu des professionnels
de terrain lorsque le projet de loi Lefebvre a été
écrit sans concertation, et présenté
au Parlement? Il n'a entendu que ce que les fédérations
professionnelles lui ont dit, marqué par la raison
et la civilité, quand leurs adhérents
exprimaient l'amertume et l'écoeurement.
Dans
le même ordre d'idée, j'apprends qu'un
projet de décret serait au stade de la signature,
qui permettrait à un agent commercial d'obtenir
le statut d'agent immobilier en faisant valoir les mêmes
diplômes et la même expérience qu'un
salarié, alors qu'il n'a pas bénéficié
du même suivi managérial ni prouvé
le même engagement au service de l'activité.
Aucune concertation là non plus, et la colère
des professionnels monte: dois-je la laisser s'exprimer
directement, ou la calmer et la retraîter d'abord?
Le mépris, ou seulement la suspicion envers les
corps intermédiaires sont intenables et dangereux.
Ils font courir le risque de la révolte.
En
plus, qui ira-t-on chercher lorsqu'il faudra expliquer
demain aux Français de nouvelles mesures d'austérité?
Qui apaisera? Qui jouera le rôle d'amortisseur
démocratique? Pour moi, demain président
de la FNAIM si mes confrères en décident
ainsi en mai -eh oui, c'est décidément
un mois d'élection!-, je suis prêt à
assumer ma mission, mais toute ma mission: être
le porte-parole raisonnable de 12000 chefs d'entreprise
de l'immobilier, et être investi de porter vers
eux les messages publics, qui risquent d'exiger des
passeurs et des traducteurs habiles et courageux...
Je ne jouerai pas la moitié du rôle, qui
consisterait à être chargé du service
après-vente des décisions publiques et
à être jugé inapte à relayer
avec fidélité et intelligence les attentes
et les états d'âme de mes pairs.
Plus
que jamais et plus que quiconque, le prochain Président
de la France aura besoin des corps intermédiaires,
que l'actuel Président a eu raison de nommer
"forces vives" naguère. D'ailleurs,
quand on est mandataire par vocation comme je le suis,
agent immobilier et administrateur de biens, avouez
qu'il serait singulier de ne pas croire dans les vertus
de la médiation, de l'intermédiation et
de la représentation. Ces logiques sont au principe
même de la République et de son équilibre.
Par
Jean-François BUET,
Candidat à la présidence de la Fédération
Nationale de l'Immobilier (FNAIM)
Président de la Fédération Nationale
de l'Immobilier de Côte-d'Or (FNAIM)
Secrétaire général de la Fédération
Nationale de l'Immobilier (FNAIM)
Président du groupe Buet Immobilier
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