Il
y a trois mois, Gererseul communiquait sur un
sondage (réalisé auprès de
quelques 5 000 bailleurs particuliers), dans lequel
près de la moitié des bailleurs
indiquait être prête à baisser
le montant du loyer. A la question « êtes-vous
prêt, dans le contexte actuel, à
baisser le loyer de votre bien dans le but de
trouver un "bon" locataire ? »,
46,5 % des bailleurs interrogés répondaient
par laffirmative. A cette époque,
les réponses concernaient une fixation
du loyer au moment de lentrée dun
nouveau locataire.
Aujourdhui,
branle-bas de combat chez certains bailleurs qui
se voient sollicités par leurs locataires,
en plein cours de bail. Nos clients lattestent
: à lexception des « mauvais
payeurs, clairement de mauvaise foi », les
locataires formulant une telle demande bénéficient
de loreille attentive de leurs bailleurs,
qui, parfois, acceptent dabaisser le loyer
afin de conserver des locataires appréciés.
Les
locataires responsables et sérieux sont,
en effet, très recherchés
Alors, lorsquun bailleur reçoit une
demande argumentée de locataires qui lui
expliquent rencontrer des difficultés financières
et envisager chercher un loyer moins élevé,
il peut tout à fait choisir de les retenir
en abaissant le loyer (éventuellement pour
une période limitée) en cours de
bail, même si, évidemment, rien ne
ly oblige. A lui de voir son intérêt.
Il prend le risque, sil naccède
pas à la demande, de voir effectivement
partir ses locataires et rien ne dit, alors, quil
en trouvera dautres, rapidement et au loyer
demandé.
Parfois,
il a tout à y gagner. Adapter le niveau
du loyer aux possibilités financières
de « bons » locataires est une sage
décision, une façon responsable
et sociale de regarder la réalité
en face et relève donc, en clair, dune
saine gestion.
Car
tous les bailleurs n'ont pas conscience que réduire
le loyer (quand la conjoncture lexige) n'entraine
pas forcément un manque à gagner.
Bien au contraire ! La stabilité de locataires
payant leur loyer avec assiduité est gage
dun bon rendement. Une recherche de nouveau
locataire entraîne souvent une chute de
rendement (frais dagence, le cas échéant,
rafraîchissement des lieux, etc.), surtout
lorsquil y a une vacance trop longue entre
les baux.
Deux
situations peuvent rendre avantageuse lacceptation
de la baisse du loyer demandée par un locataire
que le propriétaire souhaite garder.
Premier
cas : le bail a été signé
à une époque où les loyers
étaient plus élevés et le
loyer actuel est donc surévalué
par rapport au marché. Le locataire peut
trouver facilement moins cher ailleurs et il y
a fort à parier que le nouvel entrant finira
par obtenir gain de cause en signant finalement
le bail au loyer de marché. Résultat
: perte de temps et dargent liés
à la recherche du nouveau locataire
Deuxième
cas (pouvant bien sûr être lié
au premier cas) : le loyer de marché est
plus ou moins identique, mais le locataire sest
toujours montré correct (tant sur le plan
« règlement du loyer » que
sur le plan « gestion quotidienne »).
Le bailleur a donc tout intérêt à
le conserver. Sil change de locataire, cela
peut évidemment bien se passer, mais il
peut aussi avoir à faire face à
un locataire moins sérieux
Quelques
loyers impayés plus tard et son rendement
subira une baisse plus forte que sil avait
accepté la baisse du loyer payé
« rubis sur longle »
Exemple
: un locataire payant un loyer de 700 € (fixé
dans la fourchette haute des loyers, à
la signature du bail) pour un trois-pièces
demande à son bailleur de labaisser
à 630 €, représentant le loyer
de marché daujourdhui. Ayant
acquis le bien 150 000 € (à Toulon),
il bénéficie dun rendement
brut de
5,6 %. Sil accepte la baisse demandée,
il passe directement à un rendement brut
de 5 %. Correct, actuellement. Imaginons quil
laisse ce locataire partir et signe un nouveau
bail à 700 €, mais trois mois plus
tard seulement, compte tenu du fait que ce loyer
est un peu au-dessus du marché
Pour
séduire, le bailleur a rafraîchi
les lieux (un coup de peinture blanche) et fait
appel à une agence (coût global :
2 700 €). Le rendement de la première
année de location chutera alors de moitié,
pour tomber à (700 € x 9 = 6 300 €
- 2 700 € = 3 600 €) 2,4 % brut. Il
lui faudra donc plusieurs années pour rattraper
le niveau de rendement quil aurait obtenu
en gardant son premier locataire. Sans parler
du risque de turn over (avec nouvelle vacance
à la clé) qui devient important,
puisque le loyer est surévalué
L'idée
que l'on se fait des propriétaires bailleurs,
« fixés sur le loyer le plus élevé
à tous prix », est une nouvelle fois
mise à mal. En effet, il y a quelques mois,
un autre sondage Gererseul indiquait que 52 %
des bailleurs particuliers ne révisaient
pas (alors que la loi le leur permet) le loyer
en cours de bail...
Par
Patrick CHAPPEY, Président de Gererseul.com
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